La « Fleischel » pionnière de la féminisation à l’occasion de son 40° anniversaire

Il y a quarante ans, les poussins et les rares poussines de la 83 voyaient les grilles du « Piège » se refermer derrière eux. Elles ne se rouvrirent que plusieurs semaines plus tard afin qu’ils aillent conter avec fierté à leurs familles ébahies les premiers pas d’un élève-officier de l’Armée de l’air : intense période d’entraînement et de préparation physique de début d’année (Pepida pour les initiés), oxygénation militaire à outrance à Ancelle, largage insensé en parachute, vaccinations multi-usages, voltige ébouriffante lors du stage pronostic en vol sur CAP 10 ou initiation de folie au vol à voile sur des engins non équipés de moteur, baptême risqué dans le vent des hélices, pour aboutir à la cérémonie de remise des poignards et à la présentation au drapeau marquant la fin de la première étape de la formation.

C’est avec une grande envie de se retrouver et de se remémorer ces moments de franche camaraderie, , à défaut de pouvoir les revivre, que plus d’une quarantaine d’anciens de la « Fleischel », accompagnés d’un de leur brigadier, ont répondu à l’appel de la cérémonie de remise des poignards 2023.

L’affaire commença fort bien par un déjeuner au mess des officiers suivie d’une sieste attentive en amphithéâtre Marin-La-Meslée pour une présentation de l’Ecole par le général Réal. Premier constat : les sièges sont bien plus confortables qu’à l’époque. Deuxième constat – le commandant de l’Ecole devenu directeur d’un établissement public affiche de belles ambitions pour hisser Le Piège toujours plus haut mais doit affronter des contingences que les « poussins +40 » ne pouvaient imaginer. A l’issue, un passage en salle des marbres, une tournée des chambrées du « Testard » et une visite du centre de formation aéronautique militaire initiale (CFAMI) dans les locaux de l’ex-division des vols en zone sud firent comprendre de manière pratique que si l’environnement extérieur pouvait paraître immuable, le décor intérieur cachait un bouleversement complet du quotidien et du cursus du Piègeard. En début de soirée la symbolique cérémonie des poignards vint cependant rappeler que l’esprit et les traditions qui animaient les promotions de la seconde moitié du XX° étaient toujours vivaces en ce premier quart de siècle. La soirée s’achevait autour d’une coupe ou deux par de beaux échanges entre « -20 », « -40 », poussins et poussines, ces dernières proportionnellement en force.

Les retrouvailles ne pouvaient se satisfaire d’une seule journée. Quelques camarades du Politburo de la 83 avait concocté pour le lendemain un programme dense et varié qui devait commencer par une grimpette au Ventoux. La météo humide et hostile s’y opposa mais la race d'aiglons jamais vassale et ses conjoints montèrent sans peur vers le soleil ; timide certes ; en optant pour une randonnée dans les Alpilles au plateau de la Caume. Contre le vent qui voulait la dompter, la joyeuse troupe alla déjeuner et flâner dans la charmante localité de Saint-Rémy-de-Provence. Le sol n’étant qu’une escale, elle s’enfonça au cours de l’après-midi dans les carrières de calcaire des Baux-de-Provence pour y suivre le magnifique spectacle des cathédrales de lumière. Enfin, ayant toujours à lutter, le combat s’acheva au château de Richebois par une chaleureuse soirée. Malgré les rires et les agapes, les absents et les disparus étaient dans les pensées de chacun. Jeannot[1], notre délégué de promotion, aigle qui a quitté les hommes et qui fait maintenant rire les cieux, a dû bien se marrer là-haut lorsqu’avant de se séparer une poussine (qu'il a bien connu puisqu’il l’a même épousée) a été élue démocratiquement à la manière soviétique nouvelle déléguée de promotion. Merci Isabelle[2] pour avoir accepté de bon cœur la mission. Le Politburo s’engage à t’aider pour boucler le plan quinquennal.