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EN EXCLUSIVITE POUR L'AEA : INTERVIEW DE THOMAS PESQUET

Entre nous

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09/07/2019

Thomas Pesquet, dernier astronaute français à être parti dans l'espace nous a fait l'honneur d'un interview exclusif réalisé en parallèle de la sortie du Carnet de vol 2019 intitulé "Faire face à l'Espace". (cliquez sur le lien pour découvrir ce fascicule).

- En qualité de réserviste citoyen, membre du réseau Ader de l'Armée de l'air, comment percevez-vous le lien entre l'Armée de l'air et l'Espace ? Comment voyez-vous votre rôle au sein de ce réseau ? 

L'espace a toujours été la continuation logique du vol aéronautique : les mêmes principes s'appliquent, mais avec une énergie (cinétique, potentielle, chimique) décuplée. D'où la recherche de l'excellence qui caractérise le vol spatial, en prolongement de l'exigence du vol aéronautique. 

Les pionniers du vol spatial ont toujours été des membres des forces armées aériennes, qui ont été entraînés à faire face aux aléas techniques et opérationnels dans des environnements difficiles voire hostiles. Aujourd'hui le vol spatial a développé d'autres facettes (science, exploration, ingénierie) qui ont diversifié les profils, mais tous les astronautes partagent un cœur de compétences et de valeurs, une camaraderie face au danger qui ne sont pas sans rappeler un escadron. 

J'ai répondu positivement à l'invitation de l'Armée de l'air pour faire partie du réseau Ader par admiration pour le monde de l'aéronautique militaire, et par un sentiment de fraternité que je ressens vis-à-vis de ses membres. Je perçois mon rôle au sein de ce réseau comme celui d'un pont entre les deux mondes, en essayant de diffuser vers chacun les points forts de l'autre.

       - Quelles sont selon vous les principales valeurs partagées entre aviateurs et astronautes ? ... et qui devraient être partagées avec le plus grand nombre... 

Il existe une certaine exigence technique et intellectuelle, pour maîtriser des systèmes complexes. Les deux mondes partagent aussi une grande exigence médicale et physique : vue parfaite, santé de fer, résistance, sens de l'orientation, capacités psychotechniques. 

Le point commun recouvre également les "skills" comme disent nos amis américains : leadership/followership, résistance au stress, prise de décision, conscience de la situation, communication... tout ce qui fait qu'un bon pilote devient un vieux pilote... et que les meilleurs sont les joueurs d'équipe, les bons camarades plutôt que les individualistes. 

Au final, le point commun est plus dans l'humain : on part dans l'espace comme on part à la guerre, en s'appuyant sur une camaraderie et une confiance de fer entre les individus et envers la machine, avec la tête froide et le sens du devoir, avec un sérieux inébranlable mais sans non plus trop se prendre au sérieux. 

       - Quels pourraient être les projets que la communauté civile du monde spatial et l'Armée de l'air pourraient (devraient) porter en commun dans le futur ? 

Le spatial a un nombre d'applications directes incroyable (navigation, communication, observation), où les enjeux civils et militaires se côtoient déjà quotidiennement. Dans le futur, c'est vers les missions d'exploration que la coopération devra se renforcer : c'est dans l'ADN des opérations militaires d'être prêt à l'imprévu, d'avoir une organisation sans faille, une habitude des exigences du commandement sur le terrain et parfois des sacrifices. C'est de cela dont nous aurons besoin pour aller mettre le pied sur Mars un jour.


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