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juin
Décès du GCA Jean-Jacques BRUN (61) le 20 juin 2017

L'AEA a la tristesse de vous faire part du décès du GCA Jean-Jacques BRUN (promotion 1961-Moulin) survenu le mardi 20 juin 2017.

Le général Brun a notamment été commandant de l'Ecole de l'air entre 1989 et 1992 et commandant des écoles de l'armée de l'air (CEAA) de 1994 à 1997.

Ses obsèques auront lieu lundi 26 juin 2017 en l'Eglise de MONTAUT (40500) à 10h30 et les honneurs militaires seront rendus à l'issue.

Condoléances : son épouse

Mme Anne BRUN

52 avenue du général de Gaulle

40500 MONTAUT

 

HOMMAGE A JEAN-JACQUES BRUN PAR ALAIN BUTY

Montaut, le 26 Juin 2017
A DIEU JEAN-JACQUES
Malgré la lourde peine, mélangée d’incompréhension et de colère que j’ai dans le cœur, c’est avec émotion, fierté et humilité que j’ai répondu oui à Anne, Pierre-Emmanuel, Jean-Nicolas et Louis Frédéric lorsqu’ils m’ont demandé de retracer la carrière de Jean-Jacques et de lui rendre hommage.
Le Général de Corps aérien Jean-Jacques BRUN est né à Lyon le 10 septembre 1942. Pendant ses brillantes études au Lycée Ampère de Lyon et Claude Fauriel de Saint Etienne il consacre ses vacances au scoutisme, à la spéléologie et au kayak avec le Clan des Cormoran, équipe au sein de laquelle un témoin de ses 15-18 ans nous confie les qualités de droiture, force de caractère, humanisme et volonté dont il faisait déjà preuve. Il entre en classes préparatoires à l’Ecole des Pupilles de l’Air de Grenoble puis intègre la Promotion « Jean Moulin » de l’Ecole de l’Air à Salon de Provence en 1961, afin de réaliser son rêve d’enfant : devenir pilote de chasse et servir son pays. Lieutenant et Ingénieur de l’Ecole de l’Air en 1964, il a fait sienne la devise de Guynemer et de son Ecole « Faire Face » et reçoit à Tours en 1968 le brevet tant attendu de Pilote de Chasse.

Nommé Capitaine en 1968, il rejoint sa première affectation à l’Escadron de Chasse1/12 Cambresis à CAMBRAI et effectue ses premières armes sur Super Mystère B2, puis devient commandant d’escadrille en 1971 sur Mystère IV avant d’être muté en Août 1973 à Creil comme Commandant en second puis Commandant de l’Escadron de Chasse 1/10 «Valois », équipé de SMB2 et chargé de défendre la région parisienne. Il aura à cœur de transformer son escadron sur Mirage IIIC en 1974. Le 1 er janvier 1975 il reçoit ses épaulettes d’officier supérieur en étant nommé Commandant et reste à la tête du 1/10 jusqu’à sa nomination au Commandement Air des Forces de Défense Aérienne (CAFDA) à Taverny comme chef de la « Division Chasse Instruction Evaluation ». 1Il est nommé au grade de Lieutenant-Colonel le 1 er janvier 1979 et après deux années en Etat-major, il retrouve la vie trépidante et exaltante de pilote opérationnel le 23 août 79 en prenant en second puis le commandement de la 7ème Escadre de Chasse à Saint-Dizier, où ses convictions, son sens du devoir, son exemplarité et son humanisme seront mis en exergue pour affirmer ses qualités de chef, de meneur d’hommes et de pilote de Jaguar.

En septembre 1982 il quitte son Escadre, l’enivrement du vol opérationnel sur Jaguar et des opérations extérieures africaines pour rejoindre le Centre d’Enseignement Supérieur Aérien à l’Ecole Militaire à Paris, d’où il sortira breveté de l’Ecole de Guerre en 1983, avant de rejoindre à Metz le Commandement des Forces Aériennes Tactiques/1 ère Région Aérienne, comme chef du Bureau des opérations (3 ème bureau), puis Sous–chef Opérations sous la férule du Général Forget, commandant la FATAC/1 ère RA. Il y est nommé Colonel le 1 er décembre 1983. C’est à ces postes qu’il lui reviendra l’honneur de concevoir l’attaque sur Ouadi Doum au Tchad afin de mettre hors service cet aérodrome construit par la Lybie, pour intervenir dans le conflit tchadien et c’est là que j’ai eu le privilège de travailler à ses côtés, comme conseiller Guerre électronique. C’est donc comme Commandant Air des opérations, qu’il dirigea ce raid aérien du 16 février
1986 qui nécessita la mise en œuvre et la coordination de 12 Jaguar, 4 Mirage F1, 2 Bréguet Atlantic, 2 Transall ravitailleur, 6 C135 et 1 hélicoptère Puma SAR au départ de Bangui et N’Jaména et se termina par la destruction de la piste libyenne et le retour sains et saufs de tous les participants. Il put ainsi continuer le travail débuté à la 7EC avec les opérations « Tacau-Lamantin-Manta... » et mettre en place l’opération Epervier qui mettra fin à la guerre du Tchad. Ces opérations de guerre lui vaudront une citation, la croix de la valeur militaire avec palmes et la croix du combattant et, à me souvenir de ses récits cette période fait partie des moments les plus intenses et riches de sa carrière.

L’adrénaline retombée, mais non sa fougue, ni son exigence morale, ni son courage, il doit quitter la FATAC pour rejoindre Mont de Marsan et son centre d’Expertise Aérienne Militaires, le CEAM qu’il commandera d’Août1986 à fin mars 1989. J’étais à cette époque sur la Base aérienne de Mont de Marsan, à l’Escadron de Bombardement 1/91 Gascogne et je me souviens de ce réveillon du 31 décembre 1988 où, au milieu des embrassades et des vœux, nous avons été fiers de lui remettre sa casquette de général, ornée de ses feuilles de chêne et de deux étoiles.
En avril 1989, notre tout frais émoulu Général de Brigade aérienne est nommé Commandant de l’Ecole de l’Air de Salon de Provence. Et pendant les deux années passées à la tête de notre Académie, il n’aura de cesse que de réformer la sélection des candidats, refondre le cursus de formation des futurs cadres de l’Armée de l’Air afin d’en hausser le niveau et de tisser des liens étroits avec les facultés d’Aix en Provence pour conférer le grade de Master au diplôme d’ingénieur de l’Ecole de l’Air.

Le 01 novembre 1992 il retourne à Metz au poste de Commandant en second de la Force Aérienne Tactique où il est promu Général de Division aérienne le 1 er mars 1993. Il participe activement à la nouvelle organisation de la Force Aérienne de Combat et joue un rôle prépondérant dans la définition et la mise au point de ses nouvelles structures. En septembre 1994 il quitte à nouveau Metz pour rejoindre Tours. C’est là, qu’au poste de Commandant des Ecoles de l’Armée de l’Air (CEAA), il pourra parachever et constater les premiers résultats de la grande et profonde réforme commencée quelques années plus tôt à l’Ecole de l’Air et adapter l’organisation et l’enseignement des métiers de l’Armée de l’Air à ses besoins. Il est nommé Général de Corps d’Armée aérienne le 1 er mai 1995. C’est au cours de ce commandement qu’il a eu, avec Anne, l’honneur et l’immense joie d’accueillir sur la Base de Tours notre Pape Jean-Paul II, lors de sa première visite officielle en France. Moments d’intenses émotions pour Jean-Jacques et Anne, chrétiens engagés et fiers de l’être. C’est à ce moment-là, je crois, que l’esprit chevaleresque du pilote de chasse, sans peur et exemplaire, a rejoint le croyant en recherche de vérité, d’exigence morale et d’intégrité et qu’il aurait pu faire sienne la devise du collège Stanislas, où est scolarisé un de ses petits-enfants, honorant le chevalier Bayard: « Français sans peur, Chrétien sans reproche ».

En avril 1997, il quitte Tours pour la capitale et rejoint le Contrôle Général des Armées, en mission extraordinaire et conduit avec rigueur et diplomatie le traitement des dossiers relatifs à la reconversion du personnel militaire et l’action sociale qui lui sont confiés. Il termine à ce poste, le 18 juin 2000 sa brillante carrière de militaire d’active. Il est mis en congé du Personnel Navigant sur sa demande le 18 juin 2000, et le 1 er février 2001 est admis dans la 2 ème section du cadre des officiers généraux de l’Armée de l’Air.

Pilote de chasse chevronné, totalisant plus de 5600 heures de vol, titulaire de la médaille de l’aéronautique, commandeur de la Légion d’honneur il est élevé à la dignité de grand Officier de l’ordre National du Mérite le 13 mars 2001 « pour les services éminents qu’il a rendus et qu’il continue de rendre à la Nation ».

Mais une autre carrière l’attend, celle de Directeur Général de la Société AIRCO, branche Air de la société de service et de conseil des Armées, Défense Conseil International (DCI), poste qu’il accepte à compter de février 2001 et auquel il a été coopté par le Ministre de la Défense, par le Chef d’Etat–major l’Armée de l’Air et par le PDG de DCI pour ses compétences dans le domaine de la formation aéronautique, de la gestion et du contrôle et pour ses qualités humaines du commandement et sa droiture exemplaire. J’ai eu le privilège d’être son adjoint pendant ces quatre années qu’il a consacrées à AIRCO pour former les personnels des Armées de l’Air étrangères clients du savoir-faire technique et technologique de nos industriels français et du savoir-faire opérationnel des experts de notre Armée de l’Air française. Quel honneur alors de partager nos soirées de célibataires géographiques. J’ai pu apprécier l’Homme, qui sous sa carapace pudique et chrétienne, avait un cœur énorme, tant pour ses subordonnés que pour sa famille, une puissance de travail et de créativité hors normes.
C’est l’homme de débat, de recherche de la vérité, le bretteur de la joute oratoire qui prêche le faux pour savoir le vrai, le contradicteur, le chef qui sait déléguer et faire confiance tout en prenant et assumant ses responsabilités, l’homme d’honneur, que je revois en ces instants troublants de recueillement et je le remercie sincèrement, du fond du cœur pour ces moments de confiance et d’intimité que nous avons partagés.

Pour se rapprocher de sa famille et lui consacrer plus de temps , il anticipe son départ à la retraite définitive en mai 2005 et quitte AIRCO pour venir se consacrer aux siens, à Montaut, agrandir et embellir confortablement leur propriété pour pouvoir y accueillir tous leurs enfants et petits-enfants.

Anne, Pierre-Emmanuel, Jean-Nicolas et Céline, Louis Frédéric et Anne-Céline, Jean-Alexandre, Isaure, Laurie-Anne, Claire-Aline et Louis-Marie et à vous tous parents ou amis de Jean-Jacques, je veux vous dire la fierté et tout l’honneur que j’ai ressentis, et je peux me faire le porte-parole de ses compagnons d’armes et amis en disant que nous avons ressentis à le connaitre, à travailler avec lui et à faire un bout de route ensemble. Soyez fiers de son parcours, du militaire volontaire, passionné, courageux et sans reproche et de l’homme fidèle, intègre, aux hautes valeurs morales et au sens extrêmement élevé du devoir, certes parfois impulsif et vif, mais ô combien juste, rigoureux et humain. Il vous aimait si fort qu’il ne savait pas comment vous le dire, par pudeur peut-être, mais combien de fois l’ai-je vu sauter sur son téléphone pour essayer d’adoucir votre vie et de trouver une solution à vos soucis !
Jean-Jacques, tu nous réunis ce matin et nous sommes tous venus te rendre hommage, avec amour, respect et fidélité. Et même si de nombreuses questions restent et resteront sans réponse nous nous devons de respecter ta dernière décision et nous nous inclinons avec humilité devant ta dépouille. Je suis sûr que Dieu t’a accepté les bras ouverts et t’a donné la paix que tu recherchais. Puisse cette paix envahir tes proches et les protéger des esprits vagabonds aux questions noires et tumultueuses qui hantent les nuits des chercheurs de vérité. Comme me le faisait remarquer ton ainé, Pierre-Emmanuel, lorsque tu as été breveté à Tours tu as reçu ce macaron de pilote tant rêvé, cette étoile flanquée de deux ailes couronnées de lauriers ; et l’on t’a dit à ce moment-là :
« L’étoile te guidera. Les ailes te porteront. La couronne t’attend. » En fait, L’étoile t’a guidé, les ailes t’ont porté et la couronne est là ce matin.
A l’issue de cette cérémonie religieuse, les honneurs militaires te seront rendus au cimetière, à l’entrée du village que tu as choisi pour la chaleur et la vérité profonde de ses habitants, sa douceur de vivre et d’y reposer en paix. Nous allons t’y accompagner en silence, pour écouter cette douceur des Landes, te rendre un dernier hommage et témoigner à Anne et aux enfants toute notre profonde et sincère amitié, en nous remémorant cette parole de Saint-Exupéry : « Un pilote ne meurt pas, il s’envole une dernière fois pour ne jamais revenir... ». A Dieu, Mon Général !

Colonel Alain BUTTY
Promotion EA 67 Capitaine Péronne