Le 4 mars 1963, le lieutenant Lucien Ehlé dont le B 26 est gravement endommagé après une collision en vol, ordonne l'évacuation à son équipage mais reste aux commandes pour éviter le crash de son appareil sur la ville de Trensacq (Landes). Cet acte héroïque lui coûtera la vie.
Des cérémonies du souvenir et d 'hommage se sont déroulées, le 6 mai dernier, à Trensacq, en présence de Monsieur le député Fabien Lainé, de Madame Isabelle Lacaze maire de Trensacq, de la famille Ehlé, des drapeaux des associations patriotiques, d’un détachement de la base aérienne de Cazaux, des représentants de l'ANORAAE-Guyenne et de très nombreux habitants de Trensacq.
Une rue de Trensacq porte désormais le nom de Lieutenant Lucien Ehlé.
Notre camarade Jacques Deroche représentait la promotion Blériot et a prononcé l’allocution suivante :
« Mesdames et Messieurs,
Le rappel des évènements suffirait, s’il en était besoin, à justifier la présence de chacun d’entre nous à cette cérémonie du souvenir ; en ce qui me concerne, en tant que membre de la section de Pissos du Souvenir français, elle allait de soi… Mais j’aimerais attirer votre attention sur ses caractéristiques particulières.
Il se trouve que Lucien Ehle était un de mes camarades de promotion de l’École de l’air; voilà en effet presque 65 ans, nous faisions partie d’un groupe d’un peu plus de 200 jeunes garçons de toutes provenances et notamment, enfants de troupe pour lui et Lycée Bugeaud d’Alger pour moi-même, réunis à Salon-de-Provence pour y recevoir la formation leur permettant d’aborder dans les meilleures conditions possibles leur futur état d’officier de l’armée de l’air. A ce titre, nous recevions en premier lieu une instruction militaire que je n’hésite pas à qualifier de très haut niveau, un enseignement scientifique permettant à tous d’obtenir le titre d’ingénieur et à certains d’acquérir de surcroît des diplômes universitaires. S’y ajoutait une formation technique et aéronautique adaptée à nos futures spécialités respectives. Et puis, naturellement, une action permanente du commandement visant à développer en nous des qualités morales, axées en tout premier lieu sur la solidarité, l’esprit d’équipe (L’équipage, entité fondamentale de l’aviation…), la conviction que rien n’est possible sans porter attention aux autres. Il me semble que cette approche est particulièrement développée au sein de la promotion Blériot, dont le parrain avait été le premier aviateur à traverser la Manche, exactement 50 ans avant le jour de la cérémonie de notre Baptême. Et, à mes yeux, c’est cette même approche qui a dicté à Lucien la ligne de conduite à laquelle nous rendons hommage aujourd’hui…
Je voudrais que vous me permettiez d’associer à son souvenir celui d’un autre camarade de promotion, impliqué dans l’accident du 4 mars 1963 : André Le Chapelain. S’Il n’y perdit pas la vie, il fut néanmoins très cruellement marqué dans sa chair par les flammes pour le restant de son existence. Résidant depuis de longues années à Andernos, seuls de particulièrement puissants motifs personnels l’empêchent d’être des nôtres aujourd’hui…
Accordez-moi quelques instants pour rejoindre en 1961 en Algérie le groupe de bombardement auquel nous nous intéressons. Un autre de mes camarades de la promotion Blériot que certains d’entre vous connaissent certainement : Bernard d’Antin (il devrait être parmi nous aujourd’hui mais il participe en ce moment, poussé par cet esprit de solidarité, à une réunion plénière relative à la prévention des incendies dans la région de Biscarrosse), y servait en tant que commissaire de l’air, c’est-à-dire responsable de la gestion des problèmes administratifs de l’unité. Mais, loin de se limiter à son domaine spécifique d’activité, il avait pour habitude de participer chaque fois qu’il le pouvait à des missions aériennes avec ses camarades navigants, pour bien marquer qu’il appartenait pleinement au même ensemble qu’eux. C’est ainsi que le 26 novembre, alors qu’il était en train de s’équiper pour prendre part à une mission à 3 avions, le chef des opérations de l’unité lui demanda de laisser sa place à un jeune pilote récemment affecté, ce qui fut fait. Et, les mêmes causes produisant les mêmes effets (avions lourdement chargés générant des phénomènes aérodynamiques difficilement maîtrisables en formation serrée), une collision se produisit et 2 des 3 avions s’écrasèrent au sol, entraînant notamment dans la mort le jeune pilote récemment affecté. Lorsque je vous aurai appris qu’il s’agissait d’un quatrième camarade de la promotion Blériot : Alain Marie je pense que vous comprendrez pleinement l’émotion qui m’étreint en terminant ces quelques mots. »

Commentaires0
Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.
Articles suggérés